La Cascade

Publié le par Le Père Peinard

Expédié sous pli discret par Michel C. qui tient à rester anonyme...

 

Lens1


L’enfant avait les yeux rivés sur la cascade, la main crispée dans la mienne, aussi statique qu’un chêne séculaire.

Habituellement les garçons de cet âge ont au moins quatre jambes et bien plus de dix doigts en main mais les parents eux, sont forts d’yeux derrière la tête qui traversent les murs comme les pensées de leurs jeunes.

Mais là, le point d’interrogation était majuscule. Que se passait-il donc ?

L’enfant semblait fasciné et franchement anxieux. Aurait-il une phobie spécifique de l’eau ? Pourtant le bain, nager accompagné de sa bouée fétiche (« Tu sais, elle m’a sauvé plusieurs fois la vie ! ») ne posaient aucun problème. Alors quoi ?

 

Le mieux en ce cas et selon moi, est de laisser faire, le temps que les neurones tout neufs cliquètent dans le bon ordre sauf bien sûr, en phase panique. Là, c’est deux bras et le chant du biberon. Qui a dit le chant du quoi ? Je dois avouer que dès sa plus tendre enfance après le sein, le biberon de nuit fut pour moi et tenant tendrement le bambin en position semi-allongée, j’accompagnais les goulées d’une comptine rimant avec le prénom et l’action en cours sur quatre vers en boucle. Intérêt : imprégner une formule magique de bonheur à un enfant, aide en tous cas de malheurs.

Mais là, nous étions en pause silence et immobilité tendue…

 

Il fallut peut-être dix minutes autant dire un siècle pour obtenir quelques sons : « L’eau est blessée ! », « Pardon ? », « Elle se casse sur les rochers !!! », « Euh… oui… alors nous allons la réparer, viens ! ». Après quelques pas en observant le courant, je repérais de loin un creux des plus calmes. Nous pûmes, en amont, entrer dans l’eau qui lui arrivait au genou, plonger les mains dans les rapides en écartant bien les doigts et en agitant vivement l’eau. Le barbotage ne se prolongea pas au-delà de cinq minutes puis nous retournant, nous descendîmes le courant pour aboutir aux eaux calmes.

« Alors, tu vois comme on l’a bien reconstruite l’eau blessée ?! »

 

en-bas-la-cabane-du-berger-vp.jpg* Texte dédié à l’un de mes  fils avec un large sourire

Publié dans Corderie en Barousse

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